Choisir ses matériaux d'isolation
L'essentiel
Ce qui exprime la compétence d’isolation d'un matériau, c’est la quantité d’air immobile qu'il renferme : plus il y a d’air, plus la chaleur aura du mal à transiter, donc plus il sera isolant. Cette compétence est évaluée par son lambda (λ), et dépend de l'épaisseur de matériau : pour calculer la résistance thermique, la fameuse valeur R, on calcule R = e / λ (en m²K/W).
[On voit aussi dans certains documents une valeur U qui est égale à 1/R].
En complément de cette résistance, il faut prendre en compte la densité du matériau qui va plus ou moins ralentir les échanges (le déphasage -ou inertie- est un résumé de la combinaison de phénomènes physiques de capacité thermique, effusivité, etc…), ainsi que la régulation de la vapeur d’eau (la perméance) qui sera très importante pour les murs en pierres, en briques, en bois, surtout dans du bâti ancien (avant 1948).
Face à une offre large d'isolants, plusieurs critères vont également entrer en compte dans le choix des matériaux : adaptation au support, disponibilité locale, savoir-faire des entreprises, impact environnemental, coût financier, performance technique selon le type de mur ou d’orientation, modes de mise en œuvre.
A retenir : on n'isole pas un mur humide + il vaut mieux attendre d'avoir le bon matériau, le bon budget, que de poser un matériau inadapté et devoir refaire à court terme + attention à la compatibilité entre paroi et isolant.
Quels matériaux sont isolants ?
Il existe 3 types de matériaux d’isolation :
- Les minéraux sont les laines de verre et de roche.
- Les synthétiques sont le polystyrène, le polyuréthane, la mousse phénolique et les multicouches minces (PMR).
- Les végétaux sont les laines de bois, de chanvre, de coton, de lin, et le liège.
On appelle biosourcés les matériaux issus de la biomasse, qui se renouvellement rapidement et naturellement (donc les végétaux).
On appelle géosourcés ceux qui sont extraits de la géologie : roches, argiles.
Qu'est-ce qu'un bon isolant ?
Un bon isolant est un matériau qui apporte plusieurs compétences : en saison froide, empêcher la chaleur intérieure de sortir (conductivité avec le R), en saison chaude,empêcher la chaleur extérieure de rentrer (inertie ou déphasage, en heures) et une gestion de la vapeur d’eau (hygroscopie, qui laisse passer l'eau ou la vapeur d'eau sans s’abimer) qui sera très importante pour s'adapter aux murs.
>>> UN “BON ISOLANT” EST AVANT TOUT ADAPTE AU CONTEXTE <<<
Ressources à consulter
Nos recommandations
Les critères de choix d'isolants sont étroitement liés au contexte du bâtiment
En tout premier, il faudra vérifier la compatibilité entre la paroi et l'isolant, et les conditions de mise en œuvre, éléments qui sont détaillés ci-dessous et dans les pages dédiées “isolation des murs”.
Le critère de la disponibilité peut s'avérer aussi à prendre en compte : est-ce que le fournisseur a du stock pour les surfaces dont j’ai besoin, dans des délais adaptés ? Est-ce que la distance de livraison et le prix sont raisonnables ?
L’impact écologique des matériaux pourra conduire à choisir des matières premières renouvelables, donc des végétaux : laine de bois, de lin, de chanvre, ou des isolants issus du recyclage, à base de textiles (Métisse) ou de cellulose.
Et si on souhaite aller plus loin, les végétaux les moins transformés sont les pailles, surtout de blé. Des techniques sont mises au point pour réaliser des isolations par l'extérieur (ITE) à base de bottes de paille. On peut également prévoir, sur les anciens murs épais en pierre, de faire ce qu'on appelle une correction thermique coté intérieur à base de paille (blé ou chanvre) mélangée avec de la chaux ou de l'argile (chaux-chanvre, terre-chanvre, terre-paille…).
Bon à savoir
L’impact écologique des matériaux se mesure tout au long de leur cycle de vie : ressource, transformation, usage, fin de vie ; à chaque étape on questionne les prélèvements dans la nature (matières et énergies) et les rejets (déchets, pollutions).
Des fiches techniques de Déclaration Environnementale et Sanitaire (FDES) permettent aux concepteurs de comparer les matériaux selon de multiples critères parmi lesquels la consommation de ressources et d'énergies, les émissions de déchets, le bilan carbone, les pollutions dans l’air, dans l’eau, dans les sols, l’impact sur la santé, etc.
A ne pas confondre avec les fiches FDS qui détaillent la composition, ainsi que les précautions d’utilisation et de mise en œuvre : protections individuelles, risques santé, risques de pollution
Ressources à consulter
- Détail des valeurs d’isolation (R) des parois attendues pour les aides financières (page 53)
- Quelle autorisation pour mes travaux ? Déclaration, permis de construire ?
- Présentation des fiches FDES et analyse de cycle de vie
- Le répertoire des fiches FDS - pour identifier la composition d'un produit et les précautions d'usage
Pour isoler les murs
Les choix d’isolants se feront selon la composition détaillée de la paroi, ainsi que son état structurel et sanitaire.
Un diagnostic s'impose avant toute prescription !
Les repères à retenir sont :
- Un mur humide ou fissuré doit être réparé et assaini avant d’être isolé (on n'isole pas un mur humide),
- On ne pratique pas de lames d'air dans les murs, car c'est un piège à condensations (zone froide). Même ventilées, celles-ci occasionnent des pathologies et réduisent la performance de la paroi,
- Les maçonneries anciennes, pierres, briques, bois, ne peuvent recevoir que des isolants compatibles perspirants et dans certaines conditions de mise en œuvre,
- L'isolation par l'intérieur nécessite également une attention à la face extérieure du mur : pas de fissures d'enduit, pas de ciment sur les murs anciens, etc…
- L'isolation par l'extérieur est très recommandée pour les murs d'épaisseur <25 cm, pour réduire les ponts thermiques, mais elle est moins pertinente sur les maçonneries plus épaisses.
Pour en savoir plus, consultez notre page "Isolation des murs".
Pour les nombreux cas d'humidité, quelques rappels :
Un matériau perspirant laisse transiter la vapeur d’eau qui lui passe à travers. Il ne va pas se dégrader ni perdre en performance.
Un matériau hygroscopique est capable d’absorber de l’eau liquide Un mur mouillé, en présence d’eau, va voir réduites ses capacités isolantes. C’est pourquoi un mur humide doit toujours d’abord être libéré de ce qui l’empêche de sécher, de perspirer : les enduits ciments, les carrelages, les trottoirs en bitume, le béton, les peintures étanches doivent être curés pour rétablir un séchage naturel des deux faces du mur.
Pour en savoir plus, consultez notre page "Humidité"
Pour isoler en toiture
L’isolation de la toiture devra, dans tous les cas, répondre à un besoin de confort d’été, ce se traduit par des isolants les plus denses.
Selon le choix d'intervenir coté intérieur ou coté extérieur, les critères de choix d’isolant seront, outre la gestion du confort d’été :
- Le poids sur une charpente existante,
- Les épaisseurs raisonnables (ni trop ni pas assez !),
- L’accessibilité du comble en termes de chantier,
- La technique de pose : rouleaux, plaques, insufflation ou soufflage.
Pour en savoir plus, consultez notre page "Isolation des toits et des combles"
Astuce
Gardez bien toutes les factures des travaux et des photos de la mise en œuvre à la fois pour nourrir le carnet du logement et pour la revente ultérieure. En effet, lors de la réalisation des diagnostics obligatoires, le diagnostiqueur ne peut saisir que des données prouvées sur la constitution des parois : sans élément factuel ou preuves, il sera contraint à des valeurs par défaut (paroi inconnue) ce qui va sous-évaluer l’isolation qui a été posée.
Plus d'infos sur le carnet d'information du logement.